Nouvelles étrangères

Aux urnes, British edition

Aujourd’hui, le premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, s’est rendu chez la reine pour déclencher officiellement une campagne électorale qui doit régler la question du Brexit.

Boris Johnson rencontre la reine Elizabeth II
Source: BT, photo prise le 28 août 2019, lorsque le premier ministre a demandé et obtenu (illégalement) de la reine la prorogation du Parlement.

Je dois avouer que je suis d’assez près les derniers développements de Brexit, beaucoup plus que je n’ai suivi la campagne électorale fédérale au Canada. Mon attachement pour la politique britannique vient du fait que j’ai habité en Angleterre deux ans et demi et que, depuis, j’y retourne chaque année voir mes amis.

Ce qui me semble intéressant pour Prime à l’urne, ce sont les efforts mis en place pour diriger le vote stratégique. Il y a présentement trois sites différents qui disent à l’électorat pour qui voter dans leur circonscription pour battre les conservateurs et freiner le Brexit (surprise surprise: ils ne disent pas tous la même chose!).

Ça me semble d’intérêt pour le lectorat de Prime à l’urne comme l’enjeu qui revient périodiquement au Québec et au Canada dans une forme similaire puisque nous avons hérité du même système de vote uninominal à un tour (first-past-the-post en anglais).

En guise d’introduction, voici donc la composition de la Chambre des communes du Parlement britannique. Le prochain billet s’attaquera au complexe système de partis: avec neuf partis représentés au Parlement, c’est comme s’il y avait deux Blocs (en Écosse et au Pays de Galles) en plus du système de partis provincial du Québec qui ne s’aligne pas parfaitement avec les partis fédéraux (en Irlande du Nord).

Quatre pays en un

Carte des nations constitutives du Royaume-Uni
Source: Wikimedia Commons

Pour rappel, donc, il y a quatre nations constitutives (countries en anglais) au Royaume-Uni, qui ne s’appelle pas comme ça pour rien. Elles sont réparties sur les deux îles britanniques. À l’est, sur l’île de la Grande-Bretagne, on retrouve l’Angleterre et le Pays de Galles, unis depuis le Moyen Âge, ainsi que l’Écosse, qui s’est ajoutée en 1707.

L’Irlande, sur l’île voisine, a fait partie de l’Union de 1800 à 1921, bien qu’elle avait été sous domination anglaise bien avant. L’île a alors été divisée, avec les deux tiers de la province du nord, l’Ulster, demeurant au sein du Royaume-Uni. La République de l’Irlande, dans la partie sud de l’île, a été déclarée en 1949.

Carte des îles britanniques
Source: Wikimedia Commons

Les années 1970 ont été marquées par une guerre civile en Irlande du Nord, les «troubles» (bel euphémisme). La paix n’a vraiment été rétablie qu’en 1998 avec l’accord du Vendredi saint (Good Friday Agreement). Il y a consensus sur le fait qu’un Brexit sans accord remettait en question cette paix durement gagnée.

Étant cette histoire, on comprend que le système de partis en Irlande du Nord est complètement distinct de celui qu’on retrouve dans les trois nations constitutives sur l’île de Grande-Bretagne.

UK650

Alors voilà pour la géographie et un peu de l’histoire du Royaume-Uni. Maintenant, voyons sa démographie. Les 65 millions de Britanniques sont divisés entre 650 circonscriptions.

Toutefois, la répartition entre les quatre pays est très inégale, étant donné la répartition de la population.

Pays Nb de circonscriptions
Angleterre 533
Écosse 59
Pays de Galles 40
Irlande du Nord 18

La capitale, Londres, à près de 9 millions d’habitant·e·s, est plus populeuse que toute l’Écosse, à 5 millions.

Pour éviter les distorsions visuelles causées par les très grandes circonscriptions avec une faible densité de population, on peut représenter la carte électorale non pas sur une carte géographique, mais à l’aide d’un cartogramme. Tant Radio-Canada que Le Devoir l’avaient fait pour l’élection provinciale de 2018, mais l’exercice n’a malheureusement pas été repris pour la campagne fédérale qui vient de se terminer.

Cartogramme des résultats de l'élection provinciale de 2018 dans Le Devoir
Cartogramme des résultats de l’élection provinciale de 2018 produit par Polydata dans «Comment décortiquer la victoire de la CAQ?», Le Devoir, 2 octobre 2018.
Cartogramme des résultats de l'élection provinciale de 2018 sur Radio-Canada
Cartogramme des résultats de l’élection provinciale de 2018 sur Radio-Canada produit par Marc Lajoie, «6 cartes pour comprendre où s’est jouée l’élection», 2 octobre 2018.

Au Royaume-Uni, ça peut donner ceci lorsqu’on regarde les résultats l’élection anticipée de 2017 durant laquelle Theresa May a perdu sa majorité:

Carte et cartogramme des résultats des élections britanniques de 2017
Source: Metro, 9 juin 2017, produit par la Press Association (PA)

À gauche, on trouve les résultats supposés sur la carte du Royaume-Uni. À droite, c’est plutôt un cartogramme où chaque hexagone représente une circonscription. On retrouve la tache rouge avec un peu d’orange en-dessous de la gauche en beaucoup plus gros à droite: c’est Londres. On voit également à droite que l’Écosse jaune n’est pas beaucoup plus populeuse que le Yorkshire rouge, petite tache tout au nord de l’Angleterre sur la carte de gauche.

Alors c’est quoi tous ces partis aux couleurs difficiles à distinguer?

On verra dans le prochain billet.

En attendant, une introduction au Royaume-Uni que trouve toujours aussi hilarante, même six ans plus tard…

2 thoughts on “Aux urnes, British edition”

Laisser un commentaire

Votre adresse de courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *