Le Journal de Montréal titrait samedi dernier «Du jamais-vu: 45% des électeurs peuvent encore changer d’idée»1.
Est-ce que la conjoncture est si différente cette fois-ci? J’ai vérifié dans les sondages des dix dernières années. C’est beaucoup, 45% de l’électorat qui pourrait changer d’idée, mais c’est pas du jamais-vu:
Tout d’abord, le pourcentage de personnes qui répondent qu’il est probable qu’elles changent d’avis (bandes rouges) n’est pas la mesure la plus significative. En effet, c’est pas évident d’identifier la différence entre cette réponse-là (en rouge) et «Je ne sais pas» (en jaune) quand la question, c’est «Est-ce que votre choix est définitif?». Si 45% semble immense, c’est tout de même moins que la somme des «Ne sait pas» (24%) et des «Probable que je change d’avis» (25%) en mai dernier.
La mesure la plus significative, c’est plutôt la portion de gens qui affirment que leur choix est définitif. Comme on le constate sur le graphique avec les bandes bleues qui montent au cours d’une même année, puis redescendent au début de la prochaine année électorale, cette proportion augmente toujours au fil de la pré-campagne et de la campagne électorale.
L’autre fois où ça s’est produit…
Dans les sondages Léger des dix dernières années, outre cette année, cette mesure est passée une autre fois sous la barre des 50%: en janvier 2012. On était toutefois encore loin d’une campagne électorale. Le gouvernement libéral majoritaire avait été élu en décembre 2008: il restait donc un an à son mandat.
De plus, en janvier 2012, la grève étudiante se préparait, mais n’avait pas encore éclos dans l’univers médiatique. Elle n’avait donc pas encore polarisé la population québécoise.
Alors «45% des électeurs [qui] peuvent encore changer d’idée», ce n’est pas du jamais-vu, mais ce l’est aussi près d’une élection dans la dernière décennie.
Données sources
Vous pouvez consulter le tableur qui a permis de faire le graphique sur Google Spreadsheets.