Nouvelles étrangères

La projection mythique et le vote stratégique

On est maintenant à 10 jours du scrutin. La dernière semaine a été chargée émotivement. Mardi, une lettre du grand-rabin britannique au Times exprimait la peur dans la communauté juive à l’égard d’un gouvernement travailliste à cause de l’antisémitisme dans le parti. Le soir même, Jeremy Corbyn a donné une très mauvaise entrevue à Andrew Neil, le bulldog politique de la BBC.

Débat sur l'urgence climatique à Channel 4
Source: Harrison Jones, «Channel 4 replace Boris Johnson with an ice sculpture in climate debate», Metro, 28 novembre 2019.

Des débats se tenaient les deux derniers soirs. Jeudi, au débat sur l’environnement de Channel 4, Boris Johnson et Nigel Farage, absents, ont été remplacés par des sculptures de glace, ce qui a été mal reçu par les conservateurs. Vendredi, un attentat terroriste au couteau à Londres a servi de prélude au débat avec sept partis mais pas tous les chefs à la BBC.

Toutefois, à Prime à l’urne, on se concentre davantage sur les sondages, donc on va s’y tenir malgré les événements qui déboulent. La projection tant attendue a été publiée mercredi soir: c’est celle qui avait le mieux réussi en 2017, la seule à avoir vu venir le gouvernement minoritaire de Theresa May. Elle aurait aussi désigné le bon parti gagnant dans 93% des sièges.

Les bonnes et mauvaises nouvelles de la projection

La projection est commandée par le sondeur YouGov à deux chercheurs de University College London (UCL): Benjamin Lauderdale et Jack Blumenau. Ils ont produit un beau document de 49 pages disponible en pdf rempli de tableaux et de graphiques. J’ai lu ça ainsi que l’analyse de Stephen Bush au New Statesman, une revue hebdomadaire associée à Labour (parce que ça crie beaucoup au meurtre par rapport aux sondages chez les travaillistes, ces temps-ci)1.

Comme avec les projections qu’on a vu dans le dernier billet, ça n’augure rien de bon pour Labour, toujours dangereusement proche de son pire résultat depuis la Deuxième Guerre mondiale. La pdg du site de projection Best for Britain, qui travaille avec le modèle de Electoral Calculus, offre toutefois une note d’espoir dans ce tweet:

Very similar to the MRP @BestForBritain has used for tactical voting advice at http://getvoting.org : the good news is that enough seats have become marginal for us to win IF remainers vote tactically.

Naomi Smith explique que la bonne nouvelle c’est que suffisamment de luttes sont devenues serrées (marginal) pour que le vote stratégique ait une chance de fonctionner.

Je vais commencer par présenter la méthodologie de la projection de YouGov (comme mes questions aux autres projectionnistes sont restées sans réponse sur Twitter à part pour Forecast UK) et les résultats régionaux, pour les mettre à jour par rapport à ce que j’avais pu exposer dans le billet sur la carte électorale de l’Angleterre.

Finalement, on pourra zoomer encore plus et comparer la projection aux intentions de vote exprimées dans trois sondages locaux dans des circonscriptions visées par le vote stratégique à Londres. J’aime beaucoup la formulation des questions qui ont été posées.

Les données de YouGov

Du 20 au 26 novembre, YouGov a sondé un échantillon représentatif de plus de 13 500 personnes en Grande-Bretagne (comme toujours, ce sondage exclut l’Irlande du Nord) pour obtenir leurs intentions de vote. Pour atteindre un échantillon de près de 100 000 personnes et avoir plus d’observations pour chaque circonscription, YouGov a sondé près de 87 000 personnes tirées de son panel (top-up sample).

Les résultats de ce deuxième échantillon, non probabiliste mais plus de 6 fois plus grand que l’échantillon représentatif, ont été pondérés en fonction de ceux dans l’échantillon représentatif. Au final, on obtient en moyenne 159 observations par circonscription: pas assez pour traiter ces données comme des sondages locaux.

Trois modèles en un

La projection de YouGov se fait à partir d’une régression multi-niveaux et d’une poststratification (multilevel regression and poststratification ou MRP). Cette méthodologie est si commune présentement au Royaume-Uni que l’acronyme «MRP» est utilisé comme synonyme de projection.

La régression multi-niveaux s’appuie sur trois modèles:

  1. une modélisation des différents segments de la population (population model);
  2. une modélisation des réponses aux questions de sondage en fonction de caractéristiques de la population (survey response model);
  3. un modèle de participation électorale pour prédire si un individu votera ou pas en fonction du comportement de l’électorat en 2015 et en 2017 (turnout model).

La poststratification consiste à transposer les résultats d’un sondage national aux circonscriptions locales en évaluant la proportion de chaque segment de population présent dans chaque circonscription.

Grosso modo, le premier modèle segmente l’électorat et le deuxième prédit la direction dans laquelle ira chacun de ces segments dans chaque circonscription. Le troisième détermine la proportion dans laquelle chacun des segments ira effectivement voter.

Pour obtenir la projection, les chercheurs ont lancé 1000 simulations (ça, je l’ai seulement su en posant une question sur Twitter).

Sous quelle loupe considère-t-on la population?

Dans la modélisation effectuée pour YouGov, la population est caractérisée selon ses choix politiques passés et des caractéristiques démographiques plus traditionnelles.

L’historique électoral utilisé comme caractéristique de la population inclut:

  • l’élection européenne de 2019;
  • l’élection générale de 2017;
  • le référendum de 2016.

Il y a également une variable pour le niveau d’attention portée à la politique sur une échelle de 0 à 10.

Les caractéristiques proprement démographiques incluent:

  • l’âge;
  • le genre;
  • le niveau d’éducation;
  • l’état civil;
  • l’origine ethnique.

Sur ce dernier point, l’électorat britannique est divisé entre les origines ethniques blanche (91%); noire (2%); «Asian» (6%), ce qui au Royaume-Uni désigne les gens du sous-continent indien; et mixte et/ou multiple (1%).

Portrait régional

Les résultats régionaux sont plus encourageants pour Labour que le dernier gros sondage de YouGov, présenté à la fin du billet sur la carte de l’Angleterre, et le sondage local dans Great Grimsby, discuté dans le dernier billet. Ainsi, la région du North West et le pays de Galles seraient revenus dans la colonne de Labour.

On voit à travers la Grande-Bretagne l’effet du «squeeze» des plus petits partis, qui voient leurs intentions de vote diminuer sous la pression des grands partis rappelant que eux seuls peuvent gagner. Le soutien des libéraux démocrates, qui se situait entre 14% et 17% dans le Nord de l’Angleterre et les Midlands, y est descendu à 10% et moins. Il tient mieux dans le sud (où ils ont plus de chances d’être élus): en un mois, les intentions de vote n’ont baissé que de deux points de pourcentage.

Les intentions de vote pour le Brexit Party se sont effondrées partout comme il ne présente que 275 candidatures en raison de la Leave Alliance unilatérale qu’il a proclamée. Les verts dépassent ainsi le Brexit Party dans le sud, incluant Londres, et sont à égalité dans les Midlands.

Le portrait est différent dans le nord de l’Angleterre et au pays de Galles, bastions travaillistes qui ont voté Leave au référendum, parce que c’est là que se présente le Brexit Party dans l’objectif de bloquer Labour. Il y perd tout de même 8 à 9 points de pourcentage. La région du Nord East reste la plus favorable, mais passe de 19% à 10%. Toujours aucune projection n’entrevoit la possibilité qu’il gagne un siège.

Qui arrive deuxième?

Ça m’a surprise, mais les analyses électorales au Royaume-Uni incluent souvent une carte des deuxièmes partis arrivés deuxièmes (runner-up). Je n’en avais jamais vu avant de les produire moi-même pour Québec solidaire en 2013. Ainsi, les pages 6 et 7 sont dédiées à des cartes (malheureusement pas des cartogrammes) des partis gagnants dans chaque circonscription, puis des deuxièmes.

Parti qui gagnera dans chaque circonscription de la Grande-Bretagne selon la projection de YouGov Parti qui arrivera deuxième dans chaque circonscription de la Grande-Bretagne selon la projection de YouGov
Source: Benjamin Lauderdale et Jack Blumenau, «MRP Methodology, Tables and Figures», YouGov, 27 novembre 2019, p. 6-7.

Comme le rappelle Stephen Bush, on continue d’assister au réalignement partisan sur des bases moins régionales et plus sur le type d’environnement, urbain ou rural (quelque chose qu’on observe et étudie beaucoup aux États-Unis):

The parties of the left and centre are increasingly the party of the:

  • big city working class,
  • ethnic minority voters of all incomes,
  • graduates and
  • social liberals.

The parties of the right are increasingly the party of:

  • people in small towns of all incomes,
  • the old, and
  • the socially authoritarian.2

Ainsi, la marée bleue à gauche au sud de la frontière écossaise s’explique non seulement par la majorité conservatrice qu’on prédit, mais aussi par le fait que les circonscriptions urbaines, plus rouges, sont noyées dans les grandes étendues rurales votant Tory.

À droite, on voit comment le bloc des couleurs chaudes aurait pu se diviser l’Angleterre et le pays de Galles pour espérer donner une chance au Royaume-Uni de rester dans l’Union européenne. Toutefois, comme on l’a vu avec l’important désaccord initial entre les sites de promotion du vote stratégique, la carte n’aurait pas nécessairement eu l’air de ça avec l’état des faits et les informations disponibles au début de la course.

Ce que cette carte du meilleur deuxième ne dit pas, c’est la distance entre deuxième et troisième: elle ne distingue pas entre châteaux-forts, luttes serrées et courses à trois. On peut toutefois le déduire du tableau des résultats projetés par circonscription. Par contre, il ne dit pas la proportion de l’électorat de chaque parti disposée à changer d’allégeance pour des raisons stratégiques. Pour ça, ça prend des sondages locaux.

Les nouvelles courses à trois à Londres

Une série de trois sondages a été menée plus tôt ce mois-ci (du 7 au 12 novembre) par Deltapoll pour évaluer où se situait le vote stratégique pour défier les conservateurs dans trois luttes londoniennes.

On se souvient que Londres est un territoire de plus en plus travailliste (notamment des suites du réalignement urbain—rural des partis) et le seul bastion Remain au sud de la frontière écossaise. Voici à quoi ressemblait la carte au lendemain de l’élection anticipée de 2017.

Carte des résultats électoraux de 2017 à Londres
Source: Wikipedia

Les quartiers centraux sont extrêmement forts pour Labour, sauf les coins plus riches de l’ouest de la ville. Les banlieues (ce qu’on appelle la «London commuter belt» en anglais) sont conservatrices, sauf là où elles votent LibDem. C’est pourquoi on suppose que le vote stratégique devrait aller vers les libéraux démocrates plutôt que vers les travaillistes dans ces sièges Con-Leave.

Les trois circonscriptions visées par les sondages sont Finchley and Golders Green, Kensington et Wimbledon (oui, c’est pas juste le nom d’un tournoi de tennis, c’est aussi une banlieue au sud de Londres). Ce sont trois circonscriptions au profil électoral différent.

Carte de la circonscription de Finchley and Golders Green à Londres
Source: Wikipedia

Un cinquième de l’électorat de Finchley and Golders Green, au nord dans la couronne de l’Outer London, est juif. Cette circonscription est passée de travailliste à conservatrice en 2010. Les partis de l’alternance du pouvoir sont restés à 10 points de pourcentage de différence jusqu’en 2017, où Labour était à un peu plus de 1600 voix de reprendre le siège.

Comme partout, les résultats de l’élection européenne de ce printemps rapportés sur la circonscription indiquent que les libéraux démocrates y auraient obtenu le plus de voix par une bonne marge. Ils y ont d’ailleurs parachuté Luciana Berger, une députée juive qui a quitté le Parti travailliste à cause de l’antisémitisme institutionnalisé.

Berger a abouti (après d’autres pérégrinations) chez les libéraux démocrates, et ils ont jugé stratégique de l’envoyer se battre dans une circonscription où c’est normalement bleu ou rouge. Le Financial Times a dépêché un journaliste dans la circonscription, et il parle de l’état de la course au podcast électoral UK Election Countdown aujourd’hui (à partir de 18:35).

Carte de la circonscription de Kensington à Londres
Source: Wikipedia

La circonscription de Kensington, c’est pas mal à l’arrondissement (borough) Kensington and Chelsea dans l’Inner London. Elle avait toujours été solidement conservatrice avant de virer au rouge en 2017 par une majorité de 20 voix (vingt! il ne manque pas de 0!).

Carte de la circonscription de Wimbledon à Londres
Source: Wikipedia

La circonscription Wimbledon, dans la portion sud de la couronne de l’Outer London, a toujours été conservatrice depuis la Deuxième Guerre mondiale, à l’exception de deux élections générales pendant que le travailliste Tony Blair était au pouvoir au tournant du XXIe siècle.

Comme dans les deux autres circonscriptions, la marge entre les partis de l’alternance du pouvoir s’est rétrécie en 2017 et les libéraux démocrates seraient arrivés premiers à l’élection européenne du printemps.

Les sondages locaux de Deltapoll

Après avoir demandé aux personnes répondant au sondage pour qui elles avaient l’intention de voter, on leur a présenté deux scénarios hypothétiques de luttes à deux plutôt qu’à trois. Ainsi, on demandait: si je vous dis que seul Labour avait des chances de gagner contre les conservateurs, pour qui voteriez-vous? Et si c’était les libéraux démocrates?

Les résultats, bien présentés par l’équipe de graphisme de The Guardian, indiquent que dans les trois circonscriptions un vote stratégique pour Labour échouerait alors qu’il fonctionnerait pour les LibDems.

Intentions de vote dans des hypothèses de vote stratégique dans les circonscriptions Finchley and Golders Green, Kensington et Wimbledon
Source: Graphiques de The Guardian, 16 novembre 2019, données de Deltapoll.

Le fait que le vote stratégique fonctionne s’il est dirigé vers les libéraux démocrates mais pas si c’est vers Labour n’est pas très surprenant quand on considère qu’ils étaient deuxièmes dans les intentions de vote exprimées initialement.

Intentions de vote dans les circonscriptions Finchley and Golders Green, Kensington et Wimbledon
Source: Graphiques de The Guardian, 16 novembre 2019, données de Deltapoll.

C’est encore moins surprenant lorsqu’on considère les données de la British Election Study sur les sentiments des sympathisants et sympathisantes à l’égard de l’autre parti.

Perception à l’égard de l’autre parti

Je n’ai pas retrouvé les données à la source de ce graphique, mais je devine qu’on demandait de situer son opinion des partis sur une échelle de 0 à 10. On a regroupé les choix de 0 à 4 dans la catégorie «n’aime pas» (dislike), le choix 5 a donné la catégorie «ambivalente» et les choix de 6 à 10 se sont retrouvés dans une catégorie «positive» (warm).

Perception de l'autre parti de la part de l'électorat Remain des travaillistes et des libéraux démocrates
Source: Matt Bevington, «Tactical voting by Lib Dem voters can’t help Labour win, but it can stop them losing», The UK in a Changing Europe, 18 novembre 2019.

À gauche, on trouve ce que l’électorat travailliste Remain dans l’étude pense des libéraux démocrates. À droite, c’est l’inverse. On constate qu’une majorité de l’électorat LibDem a une opinion négative de Labour, alors que l’électorat de ce dernier est beaucoup plus chaud (34% contre 25%) ou ambivalent (26% contre 18%) à l’égard que leurs rivaux Remain.

On peut donc raisonnablement conclure que les personnes qui votent Labour sont plus confortables à l’idée de voter LibDem que l’inverse, quoique ces résultats masquent peut-être des différences régionales.

Est-ce que l’opinion de l’électorat travailliste a évolué, toutefois, à mesure qu’il a appris à connaître Jo Swinson? Si oui, ce n’est pas de bon augure pour les libéraux démocrates si on se fie à la popularité de la chef des LibDems mesurée à différents points par YouGov. Son dernier sondage (ou le fait saillant que la firme en a tiré) a fait grand bruit, lui aussi.

Évolution de la perception de Jo Swinson
Source: Matthew Smith, «Has familiarity of Jo Swinson bred contempt?», YouGov, 20 novembre 2019.

On constate que, pendant que le sondage a été mené les 11 et 12 novembre, près de la moitié de l’électorat (48%) avait une opinion défavorable d’elle, une proportion en hausse depuis son élection à la chefferie, en fait. En contrepartie, seul un quart (24%) de l’élection en a une opinion favorable.

La chef des libéraux démocrate, Jo Swinson, devant son autobus de campagne
Source: Daniel Leal-Olivas, photojournaliste pour l’Agence France-Presse (AFP), «A day with Jo Swinson, leader of the Liberal Democrats.», sur Instagram (@lealolivas)

Avant même ces résultats, beaucoup de gens avaient remis en question le choix des libéraux démocrates d’axer leur campagne sur la personne de leur chef, notamment en mettant «Jo Swinson’s Liberal Democrats» et sa face en gros sur l’autobus de campagne.

Différences entre sondages locaux et projection

Dans les trois circonscriptions, l’écart entre les partis membres du bloc des couleurs chaudes est plus parti dans la projection que dans le sondage local, au point où Labour dépasserait les libéraux démocrates par un point de pourcentage dans la projection dans Finchley and Golders Green.

Finchley and Golders Green Kensington Wimbledon
Sondage Projection Sondage Projection Sondage Projection
Tories 46% 45% 36% 37% 38% 43%
LibDems 32% 27% 33% 29% 36% 30%
Labour 19% 28% 27% 26% 23% 26%

Serait-ce le résultat d’une différence méthodologique? Ou le reflet du fait que les intentions de vote bougent? Les sondages locaux de Deltapoll ont été menés du 7 au 12 novembre alors que le sondage national qui a nourri la projection de YouGov s’est fait deux semaines plus tard du 20 au 26 novembre.

Dans tous les cas, les consignes de vote stratégique continuent d’être partagées dans les trois.

Circonscription
(consigne de Jon Worth)
Compare the Tacticals pour la circonscription Finchley and Golders Green
Finchley and Golders Green
(LibDem)
Kensington
(LibDem)
Compare the Tacticals pour la circonscription Kensington
Wimbledon
(LibDem)
Compare the Tacticals pour la circonscription Wimbledon

Dans le prochain billet, il serait temps de s’attaquer à l’Écosse, puis éventuellement à l’Irlande du Nord.

Notes

  1. Plus précisément, le New Statesman, fondé en 1913, est associé à la Fabian Society. Établie en 1884 par l’élite victorienne de gauche, elle a participé à la fondation du Parti travailliste, mais aussi à sa refonte sous la forme de New Labour sous Tony Blair. La grande écrivaine Virginia Woolf a contribué à la revue à ses débuts.
  2. Stephen Bush, «Six thoughts on YouGov’s MRP model of the 2019 election», New Statesman, 28 novembre 2019. C’est moi qui aie transformé ses énumérations en listes à puces.

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