Réaction

Volatilité et probabilité d’aller voter

Dans leur balado de juin, Philippe J. Fournier de Qc125 et Alec Castonguay de L’Actualité discutaient de Laurier-Dorion, la circonscription où j’habite (et où Martin a été responsable du pointage durant la campagne de 2012). C’est la circonscription montréalaise au sud de la Métropolitaine entre l’Acadie et Papineau. Elle réunit deux quartiers très différents, séparés par un chemin de fer: Parc-Extension à l’ouest et Villeray à l’est.

Parc-Extension, c’est la place où manger du poulet au beurre (plus de l’agneau korma pour moi) et regarder des joueurs de cricket beaucoup plus compétents que dans La Grande Séduction.

Villeray, c’est des cafés qui donnent le choix entre du lait de vache, d’amande ou de soya et des bouchers qui font affaire directement avec des fermiers locaux. Bref, c’est comme le Plateau dans l’imaginaire de ben des gens. (Le Plateau est très différent de Villeray, mais je vais garder mes guerres de clocher de montréalo-centriste pour les visites avec les cousins et cousines.)

Donc, comme le disaient les gars à la balado politique de L’Actualité, Laurier-Dorion est une circonscription que Québec solidaire pourrait ravir aux libéraux si suffisamment de gens dans Parc-Extension restent à la maison. Jusque là, on est d’accord. Là où j’ai tiqué, c’est quand ils ont contrasté le potentiel manque de motivation de l’électorat allophone acquis au PLQ de Parc-Extension avec la supposément immanquable motivation de l’électorat solidaire dans Villeray:

Les partisans de Québec solidaire, là, ils ne restent pas à la maison. Quand t’es Québec solidaire, dans’ vie, la seule chose qui te reste, c’est d’aller voter. Ok? Parce que tu sais que tu vas pas gagner. Alors ils vont aller voter1.

C’est sans doute ce que porte à croire la ferveur des solidaires sur les médias sociaux, mais l’électorat de Québec solidaire est en fait le plus volatile de ceux des partis représentés à l’Assemblée nationale, and I have the numbers to prove it.

Source: «La politique provinciale au Québec». Léger, 18 août 2018, p. 7.

Québec solidaire est le seul parti représenté à l’Assemblée nationale dont plus de la moitié des gens qui ont l’intention de lui accorder leur vote pourrait changer d’idée. C’est presque toujours comme ça depuis que Léger a commencé à présenter les résultats pour l’électorat de Québec solidaire en 2012.

Un regard historique

Dans les dix sondages Léger pour lesquels nous avons des données sur QS, il n’y a qu’à trois reprises que l’électorat de CAQ est moins certain que celui de QS (31 juillet 2012, 31 août 2012 et 13 mars 2014). On constate par ailleurs que c’est généralement l’électorat du PQ qui est le plus solide.

Alors ils vont aller voter?

En plus d’être le plus volatile, l’électorat de Québec solidaire est moins enclin à aller voter que celui du Parti québécois ou de la Coalition avenir Québec. Il ressemble à cet égard à l’électorat du Parti libéral du Québec.

Source: «La politique provinciale au Québec». Léger, 18 août 2018, p. 39.

Sur cinq personnes qui ont répondu qu’elles avaient l’intention de voter pour Québec solidaire, quatre ont dit que c’était «certain» qu’elles iraient, mais une a dit que c’était «probable». Au Parti québécois, c’est juste une personne sur dix.

Ainsi, l’électorat qui dit dans les sondages qu’il a l’intention de voter pour Québec solidaire, c’est pas une gang de chevaliers et guerrières de la démocratie, toujours prête pour le combat. C’est du monde ordinaire qui se reconnaît dans le discours ou l’approche, mais pas tout à fait assez, dans bien des cas, pour se déplacer au bureau de scrutin ou pour concrétiser un changement d’allégeance.

Données sources

Vous pouvez consulter le tableur qui a permis de faire le graphique sur Google Spreadsheets.

Notes

  1. L’actualité. Politique: notre mise à jour de juin! 41:02-41:10. Consulté le 18 août 2018.

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