Mise à jour

En rappel: La leçon de droit constitutionnel de Maître Marchi

Petit spécial pour les élections fédérales: vous avez peut-être lu qu’Andrew Scheer prétend que Justin Trudeau devra démissionner si son parti, le Parti libéral du Canada, n’obtient pas le plus grand nombre de sièges lundi prochain lors du scrutin fédéral:

Dans l’histoire moderne de la politique canadienne, il est clair que le parti qui a le plus de sièges forme le gouvernement et qu’un premier ministre qui va en élection et en ressort avec moins de sièges qu’un autre parti démissionne. C’est la convention1.

Cette même situation s’est présentée l’automne dernier au Nouveau-Brunswick. Pour nous éclairer sur les conventions constitutionnelles, le Maître Marchi avait préparé une petite leçon de droit constitutionnel. Comme il disait ce matin sur Facebook:

Remplacez «lieutenante-gouverneure» par «gouverneure-générale», Bryan Gallant par Justin Trudeau, Blaine Higgs par Andrew Scheer, et tout y est2.

Alors c’est par ici pour la première partie de La leçon de droit constitutionnel de Maître Marchi:

Qui désigne le premier ministre du Québec [et du Canada]
(et comment)?

An Act for the union of Canada, Nova Scotia and New Brunswick: and the government thereof and for purposes connected therewith
Copie numérisée par Internet Archive de l’exemplaire de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique conservé à l’université de Toronto

Et la deuxième partie:

Nomination du premier ministre:
est-ce que le lieutenant-gouverneur
[et le gouverneur général]
peut faire n’importe quoi?

Notes

Mise à jour

La discorde persiste concernant les appuis de Québec solidaire

Demandez (sur Twitter) et vous recevrez!

Joseph Angolano, vice-président chez Mainstreet, m’a envoyé le lien vers le rapport de Mainstreet. J’ai donc pu mettre à jour mes graphiques d’intentions de vote avant répartition (avec les barres d’erreur!).

Intentions de vote avant répartition dans les sondages complétés entre le 7 et le 10 septembre 2018

Je n’ai inclus que les derniers Mainstreet et Léger parce que les sondages de CROP, d’Ipsos et de Forum datent d’avant le déclenchement.

On constate que tous les résultats sont compatibles (les barres d’erreur se chevauchent), sauf ceux pour Québec solidaire:

Intentions de vote pour QS avant répartition dans les sondages complétés entre le 7 et le 10 septembre 2018

En effet, aucune des barres d’erreur ne touche à la ligne des 12,5%.

Hier soir, à l’annonce des résultats du sondage Léger, Bryan Breguet de Too Close To Call avait fait remarquer que Léger et Mainstreet divergaient sur les intentions de vote pour la CAQ et pour QS:

En gros Léger et Mainstreet s’entendent parfaitement sur le PLQ et le PQ, mais Léger a la CAQ 5 points plus élevé et QS 5 points plus bas. Intéressant que les différences soient entre CAQ et QS1.

Il arrive à cette conclusion à partir des résultats après répartition. Comme on a vu, avant répartition, les deux firmes de sondage s’entendent sur le fait que les intentions de vote pour la CAQ se trouvent entre 27% et 31%.

Dans son billet de ce matin, Bryan s’étendait plus longuement sur le sujet, en rappelant la différence entre les sondages locaux et nationaux de Mainstreet qu’il avait évoquée dans son billet d’hier:

Mainstreet et Léger en fait s’entendent parfaitement sur le PLQ et le PQ. Par contre ils ont des chiffres fort différents pour la CAQ et QS. Mainstreet a ces partis à respectivement 31% et 16% alors que Léger les a à 35% et 11%. Une différence de 4-5 points pour chaque parti. Qui dit vrai? Impossible d’y répondre pour sûr mais les sondages par comté de Mainstreet sont bien plus cohérents avec une Coalition à 35%-36% et QS à 11%. Ainsi je serais tenté de dire que Léger a possiblement raison ici. Mais il nous faudra attendre d’autres sondages (et en fait l’élection) pour en être sûr2.

Je vous encourage à lire par vous-mêmes son billet sur les divergences entre les sondages locaux et nationaux de Mainstreet. Pour vous titiller, voici le tableau sur lequel il se base:

Résultats moyens des partis dans les 31 circonscriptions avec des sondages locaux
Source: Breguet, Bryan. «Les sondages par circonscription indiquent un raz de marée CAQ. Ont-ils raison?» Too Close To Call (blogue), 10 septembre 2018.

Récapitulons: d’une part, les sondages nationaux de Léger et de Mainstreet continuent d’être en désaccord sur les appuis pour QS. D’autre part, les sondages locaux de Mainstreet donnent des résultats qui s’inscrivent davantage dans ceux que publie Léger (CAQ plus haute, QS plus bas).

Données sources

Vous pouvez consulter le tableur qui a permis de faire les graphiques sur Google Spreadsheets.

Notes

Mise à jour

Un électorat péquiste en hausse, mais plus volatile

Mon Dieu qu’il était temps! Comme l’a dit sur Twitter Bryan Breguet, qui piaffait d’impatience:

Juste une observation générale mais quand il y a davantage de personnes/sites faisant des projections que de firmes offrant des sondages, c’est pas vraiment normal1.

C’est fait: ce matin, nous avons le rapport du dernier sondage mené par Léger du 7 au 10 septembre!

J’attends de mettre la main sur le rapport du sondage Mainstreet effectué du 5 au 7 septembre pour refaire le graphique des intentions de vote avant répartition des personnes indécises. (C’est fait!) Pour l’instant, je n’ai que l’article du Soleil, qui ne donne que les résultats après répartition.

Nous pouvons toutefois mettre à jour nos graphiques concernant la volatilité de l’électorat:

La volatilité de l’électorat est plutôt stable, avec la portion de l’électorat qui a fait un choix pour qui ce choix est définitif qui est passée en deux semaines de 56% à 58%.

Les résultats par parti choisi sont plus révélateurs:

Les intentions de vote pour le Parti québécois semblent en progression, avec une hausse de deux points de pourcentage en deux semaines (19% à 21% après répartition des personnes indécises). Toutefois, il est passé du parti à l’électorat le plus solide au deuxième plus incertain des quatre grands partis.

En effet, au sondage se terminant le 28 août, 64% des personnes qui disaient avoir l’intention de voter pour le PQ considéraient leur choix comme étant définitif. Au sondage qui s’est conclu hier, ce ne sont que 54% de l’électorat qui ont l’intention de voter PQ. Le parti de Jean-François Lisée est donc le seul qui a vu la volatilité de son électorat augmenter!

Est-ce donc le signe que des personnes qui hésitent entre le PQ et la CAQ disent maintenant qu’elles voteraient pour le PQ, mais qu’elles peuvent encore changer d’idée?

Pour ça, il va falloir aller fouiller dans les réponses à la question du deuxième choix… à suivre!

Données sources

Vous pouvez consulter le tableur qui a permis de faire les graphiques sur Google Spreadsheets.

Notes

Mise à jour

Citoyens au pouvoir, un parti à surveiller

Dans «Pas tous égaux, les “petits partis”», j’avais posé la question à savoir si Citoyens au pouvoir, bien que relativement nouveau comme parti et ignoré par les sondeurs, n’était pas un parti à surveiller. En vérifiant l’état des candidatures officialisées hier, j’ai conclu que oui: il a dépassé non seulement le NPD Québec, mais aussi le Parti marxiste-léniniste en termes de nombre de candidatures authentifiées.

Voyons l’état actuel des forces en présence, selon l’ancienne classification.

Candidatures1    Dons2 Intentions de vote3
Partis représentés à l’Assemblée nationale
Coalition avenir Québec 117 594 268 $ 34,0%
Parti libéral du Québec 98 716 890 $ 30,4%
Parti québécois 93 997 622 $ 19,6%
Québec solidaire 78 436 110 $ 12,4%
Partis à surveiller
Parti vert du Québec 43 10 679 $ 1,9%
Parti conservateur du Québec 50 22 986 $ 1,1%
NPD Québec 15 31 200 $ 0,7%
«Petits partis» historiques
Parti marxiste-léniniste du Québec 19 6 055 $
Bloc Pot 3 6 149 $
Nouveaux «petits partis»
Citoyens au pouvoir du Québec 21 12 241 $
Équipe autonomiste 5 500 $
Parti nul 3
Parti 51 1 931 $
Parti libre 1 650 $
Alliance provinciale du Québec 1
Québec en marche 275 $
Québec cosmopolitain 100 $
Parti équitable 5 $

Voyez comme Citoyens au pouvoir dépasse les deux «petits partis» historiques tant sur le plan du financement que des candidatures? En plus de ces 21 candidatures officialisées, Citoyens au pouvoir en annonce 45 autres sur son site Web. Il reste à savoir si ces aspirants candidats et candidates réussiront cette semaine à ramasser 100 signatures de leurs concitoyens et concitoyennes.

J’ai donc officiellement déplacé le parti dans la catégorie «Partis à surveiller».

Qu’est-ce que le parti Citoyens au pouvoir?

Les partis que surveillent déjà les sondeurs ont tous des équivalents fédéraux (le Parti vert, le Parti conservateur et le NPD). Ainsi, même si les médias nationaux n’en parlent pas en cette campagne provinciale, les personnes qui suivent la politique ont une idée générale d’où se situent ces partis sur l’échiquier politique.

Il serait donc d’autant plus important que les médias nationaux présentent minimalement Citoyens au pouvoir, dont on ne sait autrement rien.

J’ai fait une petite revue de presse à l’aide de Google.

Entrevues journalistiques avec trois candidats et deux candidates

J’ai trouvé cinq articles dans des médias de masse présentant trois candidats et deux candidates:

  • Denis Paré dans Deux-Montagnes;
  • Jacques Gosselin dans Laviolette-Saint-Maurice;
  • Jean-François Racine dans Marguerite-Bourgeoys (qui comprend LaSalle, à Montréal);
  • Manon Gamache dans Brome-Missisquoi;
  • Nicole Goulet dans Beauce-Nord.

Du lot, seuls Denis Paré et Nicole Goulet avaient remis leur bulletin de candidature au DGEQ lundi matin. Reprenant un argument déjà utilisé par Québec solidaire, elle explique: «On ne divise pas le vote, on offre une différence. Notre clientèle cible, ce sont les 1 700 000 abstentions qui ne trouvent pas leur compte.»4

En entrevue au début du mois de septembre, Manon Gamache, directrice générale adjointe du parti, estime qu’il sera en mesure «de présenter plus de 60 candidats, […] un bond de géant depuis la dernière élection»5. Au moment de l’annonce de la candidature de Denis Paré en juillet, le chef du parti, Stéphane Blais, visait plutôt 125 candidatures et «entre 6,5% et 7% des votes dans l’ensemble du Québec, comme l’avait fait la défunte Action démocratique du Québec (ADQ) à ses débuts»6.

Jacques Gosselin est vice-président de l’équipe exécutive du Bloc québécois en Mauricie tandis que Jean-François Racine avait soumis sa candidature pour représenter la Coalition avenir Québec7. (La CAQ a préféré présenter Vicky Michaud.)

Un candidat islamophobe écarté

Le 19 juin, le Sac de chips du Journal de Québec présentait des captures d’écran du babillard Facebook de Michel A. Fournier, le candidat de Citoyens au pouvoir du Québec dans Matane-Matapédia. La journaliste Marie-Renée Grondin résume: «Non seulement croit-il qu’“il faut tuer l’islamisme”, sans quoi “c’est lui qui nous tuera”, le candidat est aussi d’avis qu’il faudrait tenir un référendum pour “supprimer” toutes les mosquées au Québec.»8

Le 3 août, L’Avantage de Rimouski rapportait que ce candidat islamophobe s’était désisté9. D’après le site Web du parti, ce serait Jacques Langlois qui le remplacerait, mais la page Facebook du parti pour Matane-Matapédia indique qu’il est toujours à la recherche d’une candidature.

À l’origine: une Assemblée constituante

J’ai trouvé l’historique qui explique le plus clairement les changements de noms successifs du parti dans un billet de Xavier Camus:

À l’origine (2011-2012), la formation politique – cofondée par Roméo Bouchard – se nommait «La Coalition pour la Constituante», car on y préconisait une refonte totale du politique, par le biais d’une assemblée constituante. Puisqu’on y prêche aussi l’abandon de la notion de partis politiques et de la partisanerie sans fin, la formation prendra le nom de «Parti des sans parti» de 2013 à 2016, pour devenir [Citoyens au pouvoir] sous Rambo Gauthier.10

En janvier 2017, Frank Malenfant, qui était chef du Parti des sans parti et est devenu co-porte-parole de Citoyens au pouvoir, a claqué la porte11. Dans son message Facebook, il explique:

Les nouveaux arrivants aussi ont droit à la dignité et aux meilleures chances d’intégration possible pour devenir des membres productifs de notre société. Je me dissocie publiquement de tous propos allant à l’encontre de ces valeurs que je me suis promis de servir pour le parti, et qui sont aussi fondamentalement les miennes.12

Il s’est joint à Option nationale au cours de l’année et suivi son nouveau parti dans la fusion avec Québec solidaire13.

Départ de Rambo, arrivée de Stéphane Blais

En décembre 2017, le co-porte-parole restant, le syndicaliste Bernard «Rambo» Gauthier, a quitté ses fonctions au parti Citoyens au pouvoir pour se refaire une santé14. (En tant que retraitée de la politique partisane, je le crois et le salue d’avoir respecté ses limites.)

Le mois suivant, le parti avait trouvé un nouveau dirigeant (remarquez le changement terminologique):

Janvier 2018, nomination de l’activiste et homme d’affaires Stéphane Blais, CPA, VP du mouvement intégrité Québec, à titre de chef par intérim du parti. Sous sa gouverne, le parti prévoit présenter 125 candidats aux élections à l’automne 2018 et solidifier ses finances en vue d’augmenter sa visibilité auprès du grand public.15

En juillet, dans un entretien sur les ondes de la station FM93, dont les animateurs comprennent Éric Duhaime et le Doc Mailloux, Stéphane Blais expliquait, d’après le compte-rendu de journal Le Peuple, que son parti:

compte faire élire des «non-professionnels» de la politique et vise à prendre le pouvoir le temps d’un seul et unique mandat. L’idée centrale demeurant, depuis sa fondation jusqu’à nos jours, de permettre au peuple québécois de court-circuiter la machine électorale le temps de faire un grand ménage en ce qui concerne la gestion du bien commun.16

Médias d’extrême droite

Le Peuple est produit par quatre «rédacteur[s] et vérificateur[s] de contenu» (au masculin)17. Pascal Bergeron, «fondateur et président actuel du journal», écrit également des articles islamophobes et transphobes pour Vigile.quebec.

Les articles de Le Peuple sont republiés sur le site de Horizon Québec Actuel, «un organisme à but non lucratif qui a pour objectif la diffusion de la langue française, le réseautage entre pays francophones et la défense du principe de souveraineté des États-Nations»18. Sur sa chaîne Nomos-TV, l’organisme a en avril 2017 appuyé Marine Le Pen, la candidate d’extrême droite à la présidentielle française.

La page Facebook de l’organisme a depuis été retirée par le géant des médias sociaux. Ce développement semble récent puisqu’à la mi-août Patrice-Hans Perrier a publié un article sur Le Peuple intitulé «La guillotine de la censure s’abat sur des têtes de patriotes». Il a été partagé sur le site de Horizon Québec Actuel sous le titre «Censure Facebook de HQA : interview au webzine Le Peuple».

Xavier Camus soulève des liens plus directs entre Citoyens au pouvoir et l’extrême droite dans deux billets de blogue parus à un an d’intervalle. Le premier a été publié lorsque Citoyens au pouvoir était sous la gouverne du porte-parole Bernard «Rambo» Gauthier19. Le second fait état des changements de régime dans le cadre desquels l’équipe de Yvon Simard a été remplacée par celle de Stéphane Blais10.

Un assemblage hétéroclite

Le parti Citoyens au pouvoir est donc un parti à surveiller dans plusieurs sens. Le chef de son ancêtre, le Parti des sans partis, est maintenant chez Québec solidaire. Certains candidats proviennent de la CAQ et du Bloc québécois. À partir des photos des candidatures sur le site Web, on note la présence d’au moins un candidat racisé: Jean Carrière dans Mirabel, dont la candidature n’est toutefois pas encore officialisée.

On se retrouve avec un assemblage donc bien hétéroclite de personnes qui promeuvent la démocratie directe à surveiller!